lundi 8 septembre 2014

Infarctus urbain

La campagne d'affichage ci-dessus s'étale actuellement sur tous les panneaux de la ville d'Angers. Rendre gratuite la première heure de parking était une promesse de campagne du candidat, désormais maire, Christophe Béchu. Elle est entrée en application depuis le premier septembre.

Elle est présentée comme une action visant à re-dynamiser les commerces du centre-ville. Avec le coup de pouce apporté par une heure de gratuité, les consommateurs reviendraient en centre-ville faire leurs emplettes. Pour faire simple : automobiliste = consommateur.

Dans la pratique, ce n'est pas simple : c'est simpliste. Ce genre d'équation est une idée reçue, un vilain fantasme. L'équipe municipale aurait eu une riche idée en se penchant sur l'une des nombreuses études qui tendent à prouver le contraire. Il en ressort constamment que les piétons et les cyclistes possèdent eux aussi un porte-monnaie ! Blague à part, ils sont des clients les plus fidèles aux commerces des centre-ville. Pouvant s'arrêter et repartir sans contraintes de stationnement, ils sont plus enclins à faire leurs emplettes lors de leurs déplacements. Ils dépensent certes moins par passage mais ils reviennent plus fréquemment et au final sont plus dépensiers. Même pendant leurs vacances, ils s'avèrent que les cyclistes sont plus flambeurs que les automobilistes. Et puis, de toutes façons l'automobiliste est plus enclin à se diriger vers les zones commerciales périphérique où tout a été pensé pour et autour de l'usage de la bagnole.

Comble de l'ironie, du cynisme, de la bêtise ou d'un subtil mélange des trois, vous noterez que cette campagne en faveur de l'usage bagnole est illustrée par... des piétons ! C'est la tentative de diversion la plus grotesque et indécente qui m'ait été donnée à voir depuis longtemps.

Au delà de cette mesure, mon courroux émane du contexte local. Alors que les transports individuels sont favorisés, les usagers des transports collectifs (bus et tramway) sont pénalisés par une hausse, au premier juillet, du prix du billet : le ticket simple est passé de 1,40 à 1,50 euro. Mises en perspective, ces deux mesures esquissent une déplaisante image de la solidarité locale. Le tableau ne serait pas complet si je n'évoquais pas les restrictions budgétaires des différents services de la ville et de l'agglomération. J'aimerai comprendre : dans un contexte de restrictions, comment  esquisser une réelle politique des transports en se coupant d'une partie des ressources de stationnement ? D'ailleurs, si l'argent public manque tant, favoriser les piétons, les cyclistes et les transports en commun aurait pu être une politique alternative moins coûteuse et porteuse de sens.

Dans ces conditions, nul besoin d'être prophète pour prédire que la seule chose qui puisse arriver au "coeur de ville" c'est au mieux une légère tachycardie, au pire des artères bouchées et l'infarctus qui va avec !

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