jeudi 17 août 2017

La vengeance du sixton

Comme il se doit, la veille de ma rentrée n'a été qu'une longue attente, la gorge nouée. Toujours ce même stress de bon élève qui me pèse parce qu'il est inutile : pas de nouveaux camarades à renconter, pas de prof que je veux à tout prix éviter, pas de crainte quant à mon futur emploi du temps.

Toute cette tension tombe évidemment très vite hier, une fois le clé glissée la dans la serrure. Ma journée débute par de la gestion que je m'emploie à évacuer pour plonger avec délectation les mains dans le cambouis. J'entame quelques menus travaux en guise de mise en bouche. Les premier-e-s client-e-s se succèdent. C'est la rentrée : beaucoup de crevaisons à réparer. Ce n'est pas la partie la plus glorieuse (d'ailleurs il y a-t-il une quelconque gloire à tirer de ce travail ? J'en doute.) de l'ouvrage mais je m'y plie de bonne guerre. Sur un vélo, dont je viens de changer le pneu arrière, j'essaie de remettre à la bonne pression son homologue avant. Rien n'y fait, la valve semble avoir un problème et fait barrière à ma volonté. Je démonte la roue et essaie de démonter la chambre à air. Le peu de pression présente dans l'ensemble m'empêche de glisser un démonte-pneu. Aux grands maux les grands remèdes, je vais péter la valve récalcitrante pour défaire le tout. Un jeu d'enfant. Je la travaille comme un troisième torture un sixième à son entrée au collège.

J'aurai dû me souvenir quand, alors que j'étais moi-même collégien, un "grand" s'en était pris à un "sixton", espérant s'attirer quelques gloussements complaisants de la part d'une camarade dont il convoitait les charmes naissants. Humilier à bon compte un avorton est une méthode aisée et naturelle pour affirmer sa virilité. Hélas, l'avorton d'apparence inoffensive était retors et les grillages de la cours du collège se sont transformés pendant quelques secondes en cage de MMA. Rejouant David et Goliath, le "faible" sixième éclata d'un coup de boule d'anthologie le nez du gros sac qui venait de l'importuner. Un massacre. Une jouissance silencieuse pour toute la communauté des "sixtons".

Toutes proportions gardées la scène s'est rejouée dans mon atelier. Comme prévu la valve s'est déchirée à la base révélant pourquoi elle ne remplissait plus sa fonction. La chambre avait été réparée avec une  bombe anticrevaison. De longues années étaient passées, la pourriture s'était installée et la valve était figée dans une gangue marronnasse. Lors de la rupture cette mixture visuellement et olfactivement très proche de la merde de chien m'a explosé à la figure et s'est répandue sur mon tableau à outils.

Vous comprendrez qu'après une telle humiliation j'ai besoin de m'épancher. Un bizutage n'est jamais anodin.

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